Article 18

HP-71B ultra complet : le gros lot tant attendu !

Publication originale le 22/07/2010

Introduction

Eh oui, qui l’eût cru, rassembler une collection n’est pas aussi facile que certains peuvent le croire. J’explique les difficultés que rencontre le collectionneur à rassembler ses machines et en particulier pour le HP-71B, car le constructeur a eu une politique que je qualifierais de non suivie, douteuse et même déloyale envers ses clients.

Malgré ça, comme tout arrive un jour, j’ai enfin obtenu un HP-71B ultra complet, et j’en suis d’autant plus content.

Photo 1 : HP-71B boxed

Les difficultés de collectionner

La vie d’un collectionneur n’est pas toujours facile : au début on se fait des listes de machines que l’on veut absolument dans sa collection, bien entendu dans un état neuf, avec tous les accessoires, et bien sûr pas chères. Le choc frontal avec la dure réalité du « marché » est douloureux. Tout d’abord on ne trouve pas ces anciennes calculatrices et ordinateurs de poche dans des magasins. Même dans des magasins de seconde main, je n’en ai jamais vu. Ensuite on constate très vite que c’est très difficile à trouver et on se résigne à aller dans cette foire d’empoigne qu’est ebay où les prix sont non seulement exorbitants mais continuent à grimper pour atteindre des sommets… provisoires. Là nous entrons dans une jungle où la loi du profit de certains spéculateurs a remplacé depuis longtemps celle des passionnés, car le marché de seconde main est avant tout un marché de collectionneurs passionnés.

Le temps passé à récolter toutes ces machines est une chose que l’on ne compte pas mais qui n’est pas négligeable , et qui doit représenter plusieurs milliers d’heures et plusieurs centaines de kilomètres à pied, à vélo ou en voiture à chercher partout nos précieuses machines. Il arrive très souvent de rentrer bredouille. Il y a bien sûr des contacts directs qui aboutissent parfois à un achat raisonnable.

Une autre difficulté est le manque de temps, car dans nos sociétés hyper-speedées on n’a plus le temps de rien faire. Soit on vous met au chômage comme un vulgaire déchet, soit pour ceux qui restent, vous devenez l’esclave over-booké corvéable à merci, et l’on vous fait comprendre que vous « avez de la chance d’avoir un travail », sous-entendu : « si ça ne te plait pas, la porte est là ! ».

Vient ensuite quelquefois la démotivation. Devant le manque de temps, les prix exorbitants, la malhonnêteté de certains vendeurs, l’état des machines qui ne correspond pas à ce qu’on attendait, le manque de place, l’épouse qui vous lance l’ultimatum « c’est ta collection ou moi »  (heureusement ce n’est pas mon cas ;-) etc.… il peut arriver que l’on soit démotivé, ou du moins que l’on mette sa collection de côté quelque temps. Mais heureusement le virus nous reprend, et ce virus-là est quelque chose de positif.

J’ai parlé du manque de place. Au début je mettais mes machines dans un tiroir. Puis dans des caisses à vin qui sont devenues une montagne et encombrent le bureau. J’en ai tellement que je ne sais plus où les mettre ;-) Le pire ce ne sont pas les machines, mais les accessoires comme les imprimantes, souvent volumineuses, sans compter les boîtes d’origine et les quelques ordinateurs familiaux que j’ai.

Je crois qu’une des difficultés majeures est la raréfaction de certains modèles, car les ordinateurs des années 80 fêtent leurs 30 ans cette année !! Et ils fonctionnent toujours, alors que la durée de vie des appareils actuels ne dépasse pas la durée de la garantie, soit 2 ans ! Société de consommation, où lorsque le citoyen ne veut pas dépenser son argent, il y est contraint et forcé.

Il ne faut pas se faire d’illusions : être collectionneur demande beaucoup de patience, d’argent, et que l’on se décarcasse !

Photo 2 : HP-71B avec tous les accessoires en boîte

L’élitisme de HP durant les années 70 et 80

Je me souviens bien qu’à l’époque de mes études, HP était considéré comme une marque élitiste. Tout d’abord il fallait être un fils à papa pour en avoir une, et secundo elles utilisaient la fameuse notation polonaise inverse RPN, qui rebutait beaucoup de monde. Ceci rendait donc hermétique le monde des possesseurs de HP et les distinguait des autres, pauvre petit peuple. C’est comme s’ils parlaient une autre langue, et c’était littéralement ça.

Certains poussaient même le vice jusqu’à laisser leur calculatrice HP-41 en classe, bien visible  pendant la récré en disant que de toute façon personne ne la volerait ! HP a donc misé sur ce double facteur pour créer une élite, une gamme de clients qui ont besoin de ça pour se distinguer.

Actuellement s’il y a un tel engouement des collectionneurs pour les HP, je pense que cela doit provenir de l’ancienne réputation de la marque, et que maintenant les fils-non-à-papa (et pas-à-poux non plus ;-) devenus grands peuvent enfin accéder à ces machines et découvrir leur fameux langage bizarre qui ne sert à rien, car toutes les parenthèses qu’il n’y a plus besoin d’écrire (waw l’invention) et bien… il faut bien les retenir en tête, ce qui est très con.

Maintenant l’ancienne réputation de HP sert toujours, mais à un autre usage : à spéculer sur les machines qui atteignent des sommets vertigineux de manière complètement scandaleuse. L’autre jour je trouve une HP-15C pour 5 €, et je dis à ma Chérie : « tu vois cette machine, elle est vendue 200 € sur ebay, c’est complètement dingue !».

Photo 3 : HP-71B complet en boîte

Le flop de la gamme d’accessoires HP-IL pour HP-41C, HP-41CV, HP-41CX, HP-75C,
HP-75D, HP-71B

Le HP-71B est une machine mythique que, je crois, tout collectionneur d’ordinateurs de poche rêve d’avoir. Le problème c’est qu’il est souvent disponible tout seul, sans aucune option, et qu’on ne sait alors presque rien faire avec.

En effet nous avons assisté à une de ces anecdotes que j’aime bien, à savoir une forfaiture, une de plus, de la part de l’entreprise Hewlett-Packard. En quoi consiste-t-elle ? Pour cela il faut remonter un peu dans le temps.

En 1982 HP sort le HP-75C, une machine formidable, très puissante, dotée d’extensions d’origine (interface HP-IL, lecteur de cartes etc.) qui font un peu justifier le prix exorbitant de 10000 francs français de l’époque.

Deux ans plus tard, HP sort son HP-71B très puissant, dont le prix est de 5500 francs français et le rend plus abordable, à première vue. Mais quid de l’interface HP-IL ? Et du lecteur de cartes ? Exit, et si vous voulez acheter ces accessoires, il vous en coûtait sûrement le même prix qu’un HP-75C. Ces accessoires étaient à mon avis absolument indispensables pour sauvegarder ses programmes sur languettes magnétiques, et pour communiquer avec l’imprimante ou tous les autres accessoires HP-IL. On ne peut pas sortir une nouvelle machine en prétendant qu’elle est plus évoluée que l’ancienne et en même temps lui enlever ce qui faisait son attrait !

Mais là aussi l’on voit la volonté de HP de vouloir absolument « fidéliser » sa clientèle, que je traduis à ma manière « vouloir presser le citron jusqu’à sa dernière goutte, faire cracher son fric au client encore et encore ».

Sans compter que si vous vouliez enregistrer vos programmes sur cassettes, impossible de prendre un enregistreur du commerce, comme pour les Sharp, Casio et toutes les autres marques. Au contraire, pour HP il fallait absolument acheter un enregistreur HP, et à quel prix, car impossible de faire autrement. Idem pour l’imprimante. Le client devient un otage de la marque. Et que pouvaient dire et penser les quelques clients-otages fidèles de cette marque élitiste qui ont investi une fortune en se disant, et c’était vrai, que ce matériel durerait très longtemps, et que HP a promis de développer la lignée de ses ordinateurs de poche ? En effet le HP-71B devait être le premier d’une longue lignée qui n’a jamais vu le jour ! Ces gens se sont sûrement dit que même s’ils achetaient l’imprimante et d’autres accessoires, comme ça serait compatible avec les ordinateurs suivants, ça valait le coup. Eh bien non ! Ils se sont fait avoir, une fois de plus par HP. Tout ce « ramdam » de HP de 1979 à 1985 avec sa fumeuse, pardon : sa fameuse boucle HP-IL est tombé dans l’oubli. Après ça, HP l’a abandonné, avec tous les accessoires qui allaient avec, et tous ses clients du même coup, ce qui ne les a jamais gênés. La preuve, c’est qu’ils ont remis ça en abandonnant la lignée des HP Jornada qui existait depuis le HP-95LX  jusqu’au HP Jornada 728 en 2002.

Dommage car c’était valable, mais beaucoup trop cher. « Trop de profit tue le profit », un peu comme « trop d’impôt tue l’impôt » ! Au lieu d’être aussi gourmands et élitistes, ils auraient dû viser un public plus nombreux et rester fidèles à … leurs fidèles clients.

Résultat des courses : un grand nombre de personnes, souvent des étudiants qui avaient travaillé et épargné durant toutes leurs vacances pour se payer leur HP-71B n’avaient plus un radis pour s’offrir les accessoires. Et ceci explique pourquoi on trouve aujourd’hui la plupart du temps des HP-71B sans aucune option, et pas beaucoup qui en ont.

Une autre explication, c’est que certains spéculateurs éclatent leur lot pour essayer d’en tirer un prix encore plus élevé. Quelle honte que d’éclater un super lot pour une raison aussi basse que de gagner quelques centaines d’euros, quand on compare ça avec la valeur de l’intérêt au niveau d’une collection, par simple respect pour le futur heureux propriétaire d’une machine complète. En effet quelle connerie d’enchérir et de gagner finalement chez le même vendeur (en espérant avoir le tout, en y mettant le prix) et se retrouver avec, par exemple,  l’ordinateur de poche, l’imprimante, mais pas l’interface HP-IL pour les relier ?

C’est comme une collection que l’on souhaiterait transmettre. Pourquoi l’éclater au lieu de la vendre en entier ?

HP nous en a fait bien d’autres. De 1973, avec leur première HP-35 jusqu’en 1986 avec la HP-28s, je dirais, la qualité a été au plus haut niveau. HP était la locomotive du secteur et les autres loin derrière. Depuis cette date les machines produites ont vu leur qualité chuter graduellement de gamme en gamme, pour arriver à la situation actuelle où une bonne partie, sinon toute, de la production est faite en Chine, et que ça ne vaut plus rien.

Pour les ordinateurs c’est la même chose. Un ordinateur HP actuel n’a rien de différent des autres, il est même souvent moins bon. Alors la grande question que je pose : comment une compagnie qui était aussi excellente que HP en est-elle arrivée à produire actuellement de la m… ?

Où est la loyauté de ces compagnies qui exigent que leurs clients leur soient fidèles, mais dont la propre fidélité aux clients qui les font vivre n’existe même pas dans leur conscience ?

En tout cas j’en connais deux qui se retourneraient dans leur tombe s’ils voyaient ce qu’on a fait de leur compagnie qu’ils ont commencée au fond de leur garage : messieurs Hewlett et Packard !

Les dirigeants successifs depuis les années 90 ont trahi l’esprit de leurs fondateurs.

Que l’on ne se méprenne pas sur ce que j’ai dit avec mon ressentiment à l’égard de la politique d’entreprise et de certains choix commerciaux de HP. Je suis toujours extrêmement content de trouver une ancienne HP et de voir la qualité extraordinaire de ces machines. Je suis aussi très fier chaque fois que je vois ce qu’on a su produire ici en Occident, avant que toute la production chute en qualité pour finalement être délocalisée en Chine.

Mon lot HP-71B super complet

Depuis le début de ma collection je me dis qu’un jour je trouverais un super gros lot. Et ce jour est arrivé !

Jugez plutôt :

ä         HP-71B

ä         HP 82066B Eurocharger pour HP-71B

ä         HP 82400A Card reader pour HP-71B

ä         HP 82401A HP-IL Interface module pour HP-71B

ä         HP 82420A 4K Memory module

ä         HP 82441A Forth /Assembler pour HP-71B

ä         HP 82482A Finance Pac pour HP-71B

ä         HP 82488A Data Communications pour HP-71B

ä         HP 82163 Video Interface pour HP-71B

ä         HP-71B IDS vol III

ä         Programmer en Forth de Alain Pinaud

J’ai donc eu la chance d’avoir non seulement le HP-71B mais beaucoup de ses accessoires : l’interface HP-IL et le lecteur de cartes qui constituent la base, mais aussi le chargeur, les modules 4K, Forth/Assembler, Finance Pac, Data Communications et l’interface vidéo.

Photo 4 : HP-71B et son lecteur de cartes HP 82400A Card reader

Photo 5 : HP-71B et l’interface HP-IL  HP 82401A

Photo 6 : HP-71B et  ses modules HP 82482 A Finance Pac , HP 82420A 4K memory module, HP 82441 A Forth /Assembler et HP 82488 A Data Communications : ultra complet, quoi ?!

Photo 7 : les manuels du HP-71B et de ses accessoires

Photo 8 : Charger du HP-71B : HP 82066 B eurocharger

Photo 9 : HP 82163 Video Interface pour HP-71B

Il y a en plus un livre pour apprendre à programmer en Forth en français. Heureusement car le Forth, pour moi, c’est déjà du chinois J 

Photo 10 : livre « Programmer en Forth »

Il y a aussi un gros classeur : IDS volume III, une pièce très rare. Si j’ai bien compris, il s’agit de tout le système d’exploitation de la machine, écrit en assembleur. Je suis content de l’avoir mais ça ne me sert pas, donc si quelqu’un est intéressé…

Photo 11 : classeur IDS volume III du HP-71B

Photo 12 : classeur IDS du HP-71B

Le tout est avec sa boîte d’origine, son manuel d’utilisation en anglais (à part pour la machine dont les manuels sont en français), avec tous les caches. Que du bonheur, quoi ?!

La machine n’est pas dans un état neuf, car elle a des traces d’utilisation. En effet, Roger le premier propriétaire l’a utilisée pour programmer en Forth pendant 11 ans, ce qui en fait sûrement un record de durée d’utilisation.

En tout cas, un lot aussi complet me donne l’envie d’apprendre à l’utiliser à fond.

Un accessoire que j’aimerais absolument c’est l’imprimante. C’est bête, j’en ai deux pour les HP-41, qui sont absolument identiques à celle pour le HP-71B, mais qui ne sont pas compatibles à cause de la prise du câble HP-IL, alors que la norme HP-IL est faite pour être universelle parmi les HP. Encore une astuce pour forcer le client à acheter une autre imprimante.

Il y a donc 2 gammes d’accessoires HP-IL, incompatibles entre eux : ceux des HP-41 et ceux des HP-75 et HP-71B.

Conclusion

Comme j’avais envie de ronchonner contre tout ce que j’avais contre HP, je parlerai plus en détails une autre fois des caractéristiques techniques de la machine et de ce super gros lot tant attendu !

Je suis toujours à la recherche d’autres super gros lots (ou petits d’ailleurs) que l’on voudra bien me confier car « un gros lot, c’est bien, mais deux gros lots, c’est mieux ! ».